Une affaire d'homosexualité à bord de la Jeanne d'Arc. Et tout ce qui s'ensuit. Avec le jeune Romain Saint-Sulpice, fils d'amiral et enseigne de vaisseau parti pour le périple traditionnel, on fera la connaissance d'un étrange théologien de l'indicible : cet Anselme qui ne profère que des vérités impossibles à dire – ou intolérables. Désirs, obsessions, phantasmes, transgressions, imaginaires ou pas, se succèdent dans cette héneaurme sotie-colère, au fil de ce voyage initiatique sans concession aucune au pittoresque local comme si le monde entier sous toutes les latitudes se retrouvait aux seules couleurs du cul… Chronique pamphlet, document vécu et plaidoyer à la sensibilité vibrante, ces pages provocantes s'inscrivent dans la grande tradition libertine / libertaire. Tableautins cyniques, livre-retable, polyptique de nos mœurs des années cinquante – et plus – (« les mœurs sont l'hypocrisie des nations », Honoré de Balzac), les Aventures de Romain Saint-Sulpice se présentent aussi comme une étonnante plongée à travers l'une des catégories sexuelles les moins osées (à ce point) dans l'écriture. Mais nous sommes ici bien au-delà du détail érotico- pornographique. Le timbre, la résonance en sont tout autres. Voici, dans la littérature sous le manteau condamnée au silence, l'un de ces livres rares et subversifs que son lecteur n'est pas près d'oublier.